Estimé à 6.200 milliards de dollars, le marché mondial de la santé est en plein expansion, aussi bien dans les pays développés qui subissent le vieillissement de la population que dans les pays émergents estime Alice Lhabouz, présidente de Trecento AM.
Boursorama : Trecento AM lance Trencento Global Healthcare, un fonds consacré au secteur de la santé au sens large. Pourquoi ce thème maintenant ?
Alice Lhabouz : Quelques chiffres : le marché mondial de la santé s’élève à 950 dollars par habitant, soit environ 6.200 milliards de dollars. Les disparités sont grandes si l’on regarde la consommation de soins de santé par habitant, entre les Etats-Unis (7.960$), la France (4.691$)… et la Chine (221$). Mais le budget moyen en Chine consacré à la santé a été multiplié par deux entre 2007 et 2010 ! Parmi les pays qui dépensent le plus pour leur santé en proportion de leur PIB, on trouve en tête les Etats-Unis (17,4%) suivi des Pays-Bas (12%) et de la France (11,8%). Avec le vieillissement de la population mondiale, la thématique est porteuse de croissance aussi bien pour les pays développés que pour les pays émergents. Un senior (après 65 ans) consomme en moyenne quatre fois plus de médicaments que le reste de la population…
Quelles sont les caractéristiques du fonds ?
Trecento Global Healthcare compte une cinquantaine de lignes et l’objectif est de générer plus de 7% de hausse par an. Notre processus de gestion s’appuie sur l’expertise de professionnels de la santé. Aucune valeur ne dépasse plus de 3% de la pondération totale du fonds. Notre première pondération est le laboratoire danois Novo Nordisk (3% du fonds) qui contrôle 51% du marché mondial de l’insuline. Les barrières à l’entrée sont fortes et donnent à cette société, qui dégage une marge opérationnelle de 39%, un fort « pricing power ». Le diabète est une maladie très courante à l’échelle mondiale et malheureusement en pleine expansion dans les pays émergents en raison du changement des habitudes alimentaires. En Inde notamment, on estime à 73,5 millions le nombre de diabétiques à horizon 2025.
La santé est un secteur vaste. Dans quels types d’entreprises investissez-vous plus précisément ?
Nous avons identifié quatre thématiques dans un univers d’un millier de sociétés : les labos pharmaceutiques incluant les fabricants de génériques, les biotechnologies (avec une préférence pour les biotechs américaines déjà profitables), les sociétés de matériel médical (Med Techs) et les sociétés de service (chaînes de cliniques ou éditeurs de logiciels spécialisés dans la santé).
Parmi les laboratoires pharmaceutiques, où vont vos préférences ?
Novartis (2,8%), Roche (2,8%) et Sanofi (2,8%) figurent parmi nos principales convictions. Nous avons également une conviction forte sur les médicaments génériques. A titre d’exemple, nous avons entré en portefeuille le laboratoire allemand Stada (coté sur Xetra) qui est bien implanté en Europe. Le marché des génériques est encore faiblement concentré puisque les dix premiers acteurs ne réalisent que 35% de part de marché. Il n’est pas impossible que ce segment connaisse dans les prochains mois des opérations capitalistiques susceptibles d’animer la cote. Du côté des biotechs, nous faisons par exemple un pari sur la société suédoise Biogaia, dont les ventes annuelles progressent de 30% en moyenne, avec une marge d’Ebit de 34%.
Et parmi les entreprises de matériel médical ou de services ?
Dans les Med Techs, nous avons investi dans Amplifon, le spécialiste italien des solutions auditives. Du côté des sociétés de services, nous avons profité de la baisse du titre Orpéa (traitement de la dépendance) pour nous renforcer sur la valeur. Enfin, nous possédons du Cegedim, l’éditeur de logiciels qui équipe à la fois médecins et pharmaciens et fournit des outils statistiques aux grands laboratoires pharmaceutiques. Ce marché compte de fortes barrières à l’entrée. Cegedim continue d’innover et a obtenu récemment l’agrément de la Sécurité sociale pour la télétransmission des arrêts de travail chez le médecin.
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