On the 27th May 2015 : “Nous croyons au potentiel du secteur de la santé”, interview with Alice Lhabouz, President of Trecento Asset Management carried on by Boursorama
This interview is only available in French
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Boursorama.com : Quelle est votre philosophie de gestion chez Trecento AM ?
A.L. : Notre positionnement est de rester en lien avec l’économie réelle. Nous sommes à ce titre en lien permanent avec des professionnels (chefs d’entreprises, experts etc.) qui nous conseillent sur les évolutions à l’œuvre dans plusieurs secteurs clés. Trecento AM a un biais particulier sur l’univers médical avec le fonds Trecento Santé (laboratoires pharmaceutiques, matériel médical, services à la santé, biotechnologies) mais nous avons aussi lancé le fonds Trecento Entrepreneurs. Au total, Trecento AM gère 170 millions d’euros d’encours.
Boursorama.com : Le secteur de la santé est vaste. Quels choix d’investissement ?
A.L. : Nous n’investissons que dans des biotechs rentables. Celles qui ne gagnent pas d’argent constituent des paris trop risqués pour nous. Nous privilégions davantage les laboratoires pharmaceutiques spécialisés dans la production de médicaments génériques qui bénéficient de l’expiration des brevets des grands labos. La consolidation du secteur est en cours, pour faire face à la consolidation des gestionnaires d’assurances santé qui font pression sur les grands laboratoires génériques afin qu’ils baissent leurs prix. De même, les hôpitaux américains se regroupent et mettent en place des centrales d’achats pour faire également baisser les prix. Or, le secteur est encore relativement atomisé. Parmi nos choix d’investissement, nous détenons en portefeuille des acteurs comme Mylan ou Perrigo. Les grands laboratoires pharmaceutiques éprouvent plus de difficultés à sortir de nouvelles molécules et sont confrontés à la tombée dans le domaine public de nombreux brevets.
Boursorama.com : Parmi eux, avez-vous tout de même des préférences ?
A.L. : Nous avons en portefeuille une valeur comme Novo Nordisk. Le laboratoire danois est le leader mondial dans le traitement du diabète qui devient un véritable enjeu de santé publique au niveau mondial. La modification des modes d’alimentation dans les pays émergents comme la Chine a entraîné une montée en flèche du nombre de patients atteints de diabète. Or, les populations de ces pays ne disposent pas du patrimoine génétique adéquat pour produire suffisamment d’insuline. On a observé qu’un jeune chinois, entre 9 et 18 ans, a aujourd’hui un taux de diabète quatre fois supérieur à celui d’un jeune américain sur la même tranche d’âge.
Boursorama.com : Et du côté de Trecento Entrepreneurs, quelles opportunités ?
A.L. : Trecento Entrepreneurs est un fonds multi-sectoriel mais nous sommes entourés d’un comité d’entrepreneurs pour nous aider à prendre nos décisions d’investissement. Aujourd’hui, nous sommes investis sur quatre thèmes majeurs : la santé, notre secteur de prédilection, la consommation discrétionnaire pour profiter de la reprise en Europe, le secteur automobile et enfin les banques qui sont encore sous-valorisées. Dans le secteur de la santé, nous détenons du Hikma, un laboratoire générique jordanien coté à Londres. C’est le premier laboratoire générique d’origine arabe ayant obtenu une autorisation de commercialiser ses médicaments sur le sol américain. Nous avons aussi du Grifols. Ce laboratoire espagnol spécialisé dans la production de dérivés du sang est l’une des rares sociétés biotechnologiques européennes à gagner de l’argent. Pour jouer la reprise de la consommation, nous détenons notamment le brasseur AB InBev, du Carrefour ou du Marks & Spencer. Dans l’automobile, nous possédons aussi bien des constructeurs (Volkswagen, Daimler) que des équipementiers (Faurecia, Valeo). Enfin, le retour de la confiance, la reprise de la conjoncture et une demande croissance en crédits aux particuliers et entreprises devraient profiter aux établissements bancaires (BNP Paribas, Banco Santander).
Boursorama.com : Pourtant, les marchés ont déjà beaucoup progressé depuis le début de l’année. La volatilité revient et les interrogations aussi. La reprise appuyée par l’alignement favorable des planètes (euro, pétrole, QE de la BCE etc.) n’a-t-elle pas déjà été jouée ?
A.L. : Vous avez raison, il faut trouver des nouveaux relais de croissance pour appuyer la poursuite de la hausse des marchés actions. Maintenant, les résultats des entreprises sont plutôt supérieurs aux attentes. Quant au secteur de la santé sur lequel nous sommes fortement investis, il présente un caractère plus défensif, particulièrement adapté dans le contexte actuel. D’autant que pour un investisseur en quête de rendement, il n’y a pas d’alternative probante aux actions aujourd’hui. Le marché est fragile, certes, mais il faut profiter des phases de repli pour revenir à l’achat.
Propos reueillis par Julien Gautier, 2015, @Boursorama.com